Intervention Rihab EL JAWHARI

Le rôle de l’individu dans l’évolution des pratiques

Partant de là je voudrais signaler deux points importants : la liberté personnelle et l’importance de l’égalité dans le droit à l’héritage de la femme. Pour cela nous avons besoin aujourd’hui plus qu’hier d’un état de droit fondé sur la justice et la justice sociale ainsi que sur l’égalité et la promotion de la liberté individuelle pour sa propre réalisation.
Avant de revendiquer la justice et l’égalité, il faudrait se demander si elles sont véritablement appliquées dans nos familles ou si l’injustice et l’inégalité ne sont qu’un moyen de satisfaire l’instinct et l’avidité !

Pour commencer, quelles sont les caractéristiques communes des systèmes sectaires et familiaux :

Si la justice et l’égalité avaient été les caractéristiques du système des valeurs familiales et sociales ainsi que le système politique libanais nous n’en serions pas là aujourd’hui. C’est une société et un système qui se partagent corruption, discrimination, opportunisme, loyauté aveugle, soumission, insuffisance, sans miséricorde et sans sécurité.
La longue expérience démontre que la solution politique ne contribue qu’à l’aggravation des problèmes et à l’effondrement total. De même, les responsables de l’administration de l’Etat et des citoyens étaient parfois incapables d’élire un président ou de nommer un premier ministre d’autres fois. Dans ce sens le système politique actuel a perdu toutes ses responsabilités vis-à-vis de ses citoyens. En effet, quand le système politique ne joue pas son rôle dans l’orientation de la société vers le renforcement de la justice, la justice sociale et l’égalité de tous les citoyens ainsi que la promotion de la liberté individuelle, il ne reste qu’à utiliser nos propres capacités quelque soit la limite.

Le pouvoir politique actuel : La démocratie est consensuelle. Elle est fondée sur des quotas intercommunautaires. Ce n’est donc pas une vraie démocratie mais une dictature masquée dans un système parlementaire républicain. La véritable démocratie repose sur l’équation de la majorité politique et de l’opposition. Par conséquent, la discrimination est au cœur du système.

Le système familial : La discrimination est au cœur du système familial qui repose sur la consécration de l’inégalité de l’éducation et des responsabilités entre l’homme et la femme (la paternité et la maternité ne sont pas égales). La différence entre le travail de l’homme et celui de la femme place la femme dans une catégorie moins importante vu que la société considère la personne productive financièrement comme étant plus élevée dans la structure familiale de par ses responsabilités et sa liberté de décision. Cette infériorisation de la femme au cours des siècles a fait d’elle une gardienne et un défenseur farouche de ces coutumes. Ainsi défend-elle la continuité de la transmission, la reproduction de l’injustice et le renouvellement de sa dépendance et celle de ses enfants. Par conséquent nous observons dans beaucoup de cas des mères qui se heurtent à leurs enfants, surtout à leurs filles qui rejettent ces traditions et ces normes sociales.

La discrimination est donc la valeur commune entre le système communautaire et familial

Dans ce sens, la justice, l’égalité et la liberté individuelle commencent dans la famille qui est la première cellule qui contribue à la formation et à l’évolution de la société et de la loi dans le pays.

Que signifie liberté individuelle dans la famille et dans la société ?

L’amour relève de la liberté individuelle Le mariage est un choix libre de tout un chacun L’individu est libre de se marier ou non L’individu est libre de choisir le régime de son mariage La constitution stipule dans son introduction le respect des libertés publiques et en premier lieu la liberté d’expression et du culte ainsi que la justice sociale et l’égalité dans les droits et les devoirs de tous les citoyens. Pourquoi donc on refuse, on menace et on interdit la liberté d’aimer une personne de religion différente….. C’est contradictoire à la constitution ? Cependant, dans l’article 10 de la constitution il y a une contradiction entre la liberté de l’éducation et l’interdiction de toucher au droit des communautés d’établir leurs écoles privées. En conséquence l’éducation se fait dans la famille et à l’école. En présence de cette contradiction dans l’éducation, le culte et la préservation du droit des communautés, la société s’est rétrogradée et l’Etat s’est effondré. Si la liberté individuelle est le principal pilier dans la formation d’une société libre et juste, où tous les citoyens sont égaux, il faudrait ajouter un autre pilier pas moins important qui est l’égalité dans l’héritage entre la femme et l’homme.

Quelle est le rôle de l’individu dans le sentiment d’appartenance partant de la famille ?

Il est notoire que l’éducation et les travaux ménagers sont le domaine de la femme depuis l’antiquité, conformément au système social de l’époque. Cependant, de nos jours, la femme a une vie active à côté de son occupation au foyer. Ceci constitue un fardeau plus lourd avec une participation timide de son époux. Bien qu’elle assume des responsabilités supplémentaires, son droit à l’héritage n’a pas évolué, pire encore, elle n’y a pas droit ! A la lumière de tout cela et de la transformation actuelle de la société, la loi et les responsabilités doivent changer aussi. L’homme devrait jouer un rôle plus actif dans l’éducation des enfants car ceci impacte directement sa propre santé et celle de la mère et de l’enfant réunis. Toutes les lois du statut personnel au Liban considèrent que la femme ne jouit pas des mêmes droits que l’homme pour des motifs religieux, traditionnels, historiques et sociaux tout en sachant que le droit naturel entre une mère et son enfant a son propre système loin des lois écrites. Comment les dispositions religieuses et traditionnelles peuvent-elles enfreindre cette loi naturelle ?

L’égalité du droit dans l’héritage de la femme est primordiale pour les raisons suivantes 

• La reconnaissance de son statut indépendant • L’interdiction de la violence contre la femme et l’enfant (surtout en cas de divorce) • La prospérité économique • L’égalité d’accès aux ressources et aux opportunités • Un traitement respectueux et juste • L’Egalité des chances en matière d’indépendance financière et d’emploi

Finalement, comment commencer à construire un nouveau système de valeurs ?

Lorsque les problèmes sociaux, politiques et économiques s’aggravent avec une difficulté de trouver des solutions radicales à causes des différents systèmes de valeurs entre les communautés, il devient nécessaire de recourir aux principes généraux de liberté et de justice. D’où la nécessité d’établir un système de valeur fondé sur la tolérance, la justice sociale et l’égalité dans la pratique et non pas par écrit ou verbalement. Cela doit commencer immédiatement par la famille car elle dépend de la volonté individuelle des décideurs au détriment de la loi. Nous pourrions peut-être réussir à contribuer au changement de la société du régime familial au régime civil et développer ainsi le sentiment citoyen avant de le mettre effectivement en pratique.

De vives divergences sur la scène politique libanaise se sont aggravées jusqu’à menacer l’unité du pays. C’est le reflet des contradictions profondes dans les constantes nationales tel que la loi du statut personnel considéré comme l’un des piliers de ces importantes constantes, ce qui explique la division et le contraste non seulement politique mais à la fois familial et social. Il faut savoir que le système politique au Liban est l’autre face du système familial qui se repose sur la discrimination, l’injustice l’absence de la citoyenneté. Si l’amour et la chaleur au sein de la famille sont des éléments importants dans la formation et l’établissement des relations saines et solides, pourquoi donc la discrimination et l’inégalité continuent-elles à être pratiquées ? Notre pratique quotidienne au sein de la famille serait-elle l’image de ce que nous demandons à modifier ou à changer dans les différents systèmes du statut personnel ?

Rihab EL JAWHARI

https://www.facebook.com/rihab.eljawhari/